RÉCAPITULATIFS DE L’ÉPREUVE ANTICIPÉE DE FRANÇAIS (EAF) BAC 2021 : ON FAIT COMMENT ?

Billet d'humeur

Organisation du bac, c’est peu de dire que les équipes de la DEC (Direction des Examens et des Concours) au rectorat comme les équipes administratives et les enseignants sur le terrain sont sous tension. Et pour ce qui est des enseignants de lycée, force est de constater que les situations très contrastées sont difficiles à mesurer.

On peut dire que c’est la loi du genre, peut-être. Que ce n’est que le caractère exceptionnel d’une année perturbée qui explique les prises de retard et les dysfonctionnements enregistrés. Mais il faut reconnaître que cette année, les collègues de Lettres, seuls concernés avec les collègues de philosophie par une épreuve écrite à corriger, sont particulièrement sollicités. On pourrait avoir une pensée pour eux, se dire que c’est comme ça, qu’il ne s’agit après tout que d’une part effective de nos missions, sauf que…

Les descriptifs d'une collègue présentant les oeuvres à lire pour lundi !

A l’impossible nul n’est tenu : le scandale des récapitulatifs du Bac session 2021.

On ne sait pas bien ce qui s’est passé au niveau de la DEC cette année, et on entend bien l’urgence et la réactivité demandée à chacun d’entre nous ; mais le fait est là. Certains collègues de Lettres ont pu être convoqués non seulement pour l’écrit ainsi que pour l’oral du bac, mais en plus pour l’écrit des BTS, voire le Grand Oral, les commissions d’harmonisation, ainsi que la session de rattrapage exceptionnellement organisée cette année pour les étudiants de BTS qui auraient échoué ! Ajoutons à ce constat que certains proviseurs, contrairement aux directives ministérielles, ont pu maintenir pour eux des surveillances, arguant qu’il leur était impossible de revenir en arrière et trouver des suppléants aussi tard ! Autant dire que pour les professeurs de Lettres la barque est pleine ! Pour ce que nous en savons, au cas par cas, et du moins pour les situations les plus caricaturales dont nous avons eu connaissance, la DEC a bien essayé très ponctuellement et individuellement de corriger le tir pour quelques collègues. Mais ces rattrapages semblent de faits bien marginaux au final.

Cela dit, ce point ne constitue que l’arbre qui cache la forêt d’un dysfonctionnement bien plus important. Le constat n’est pas partagé dans toutes les académies et nous travaillons à consulter les collègues région par région. Ce qui est sûr, c’est que cette année, nous sommes confrontés à une situation inédite rendant tout bonnement mécaniquement impossible l’équité de situation entre candidats et pour tout dire, le maintien d’un quelconque sens pour l’épreuve. En effet, traditionnellement un examinateur entend plus ou moins l’équivalent de deux classes durant la semaine des oraux, soit entre soixante et soixante-dix candidats. En temps normal, cela signifie pour lui de s’imprégner en amont de trois ou quatre descriptifs correspondant à autant de classes différentes. Mais quelle n’a pas été la surprise pour les collègues de constater dans l’académie de Bordeaux cette année que si le nombre d’élèves par examinateur n’a pas sensiblement évolué, le nombre de descriptifs, lui, a explosé, passant de trois ou quatre à douze, quinze, voire plus de trente pour certains collègues ! Dont acte. Hélas, cet « incident technique », donc, ne se traduit pas seulement par un supplément de travail pour les collègues concernés auquel on demanderait, une nouvelle fois, encore un effort. Mécaniquement et vu les délais toujours, il se traduit aussi par le fait que ces derniers auront interrogé en 2021 sur des œuvres qu’ils ne connaissaient pas eux-mêmes ! On fait comment ?

Au-delà des situations de burn-out ponctuels que nous espérons limités, quelle considération pour les collègues concernés ! Et pour la discipline ! Et pour le sens de l’examen ! Et pour les élèves, en premier lieu !