La réforme du bac dans l’enseignement agricole public

Le ministère de l'agriculture n'a pas pris une grande part dans l'élaboration de cette réforme du bac, appelée à juste titre, réforme Blanquer. Cependant, le projet actuel permet de garder certaines spécificités intéressantes de l'enseignement agricole mais suscite des inquiétudes.

réforme du bac et enseignement agricole public

Pour le Sgen-CFDT changer le Bac est utile pour permettre une évolution du lycée vers :

  • un lycée plus juste socialement
  • un lycée qui permet un parcours bac -3 / bac +3 développant l’émancipation,
  • un lycée dans lequel les personnels ont le pouvoir d’agir sur leur travail.

Or, pour le Sgen-CFDT le Bac Blanquer est bien loin d’atteindre ces objectifs.

Quel avenir pour les spécificités de l’enseignement agricole  ?

La réforme du bac prévue à l’horizon 2021 a des impacts très différents selon les trois voies de formation.

Les modifications les plus importantes toucheront la voie générale. Aucune mesure n’a été prise, comme le demandait le Sgen-CFDT pour réduire les écarts d’architecture de formation et d’évaluation entre les trois voies de formation. Comment ces nouvelles mesures seront-elles appliquées dans notre enseignement agricoles (organisation, structures et moyens) ?

Voie générale

La suppression des séries L, ES et S est actée. On ne parle désormais plus que de voie générale.

Les premières maquettes de cette réforme du bac, présentées dans les textes côté Education nationale,  font apparaître une nouvelle architecture de l’examen, qui fera par conséquence l’ossature de la formation, autour de trois grands blocs : enseignements de culture commune, enseignements de spécialité et enseignements optionnels (facultatifs) au choix de l’élève. L’examen lui-même se partagera en une série d’épreuves terminales (5 communes + 2 de spécialité) pour 60% et en contrôle continu pour 40% (dont  une part de 10% portera sur le livret scolaire)

Enseignement de spécialité propre aux établissements agricoles

La nouvelle organisation permettra aux lycées agricoles de présenter un bac général avec une discipline de spécialité (6 heures en terminale) spécifique au ministère de l’agriculture et enseignée uniquement dans ses établissements.

Cette enseignement de spécialité propre à notre  ministère est articulé pour l’instant autour de « Biologie-écologie ».

Si le ministère de l’agriculture n’a eu aucun poids pour modifier l’architecture de la partie commune (« enseignements de culture commune » de 16 heure environ) et les spécialités (trois spécialités de 4 heures en première et deux spécialités de 6 heures en terminale),  il sera maître du contenu de la spécialité spécifique qui sera obligatoire en première et terminale pour les élèves qui viendront dans nos lycées. Leurs contenus sont donc à négocier pour leur donner du sens par rapport aux possibilités d’orientation pour les élèves qui choisiraient nos établissements.

On ne sait pas encore le nombre de spécialités que pourront proposer les lycées agricoles en plus de celle obligatoire.  La physique-chimie sera sûrement proposée par nombre de lycées en terminale en plus de la spécialité obligatoire « biologie-écologie ».

Enseignements optionnels

Les enseignements optionnels  sont des enseignements facultatifs de 3 heures par semaine . Chaque élève pourra en choisir 2 en cycle terminal du baccalauréat général :  le premier dés la classe de première  (cet enseignement se poursuivra en terminale). Deux seront spécifiques au ministère de l’agriculture :  » Agronomie-Territoires » et « Hippologie et équitation » mais certains lycée pourront proposer d’autres possibilités (par ex : EPS). En revanche,  un même élève ne pourra choisir qu’un seul enseignement optionnel qui débute en 1ère. Un même élève de première ne pourra  donc pas suivre » Hippologie et équitation » et « Agronomie- Territoire. » Il devra faire un choix.

En terminale, il pourra choisir un second enseignement optionnel parmi trois « Mathématiques complémentaires », « Mathématiques expertes », « droit et grands enjeux du monde contemporain ». Cet enseignement optionnel s’ajoute au premier enseignement qui a été choisi en première. Donc un même élève de terminale pourra suivre  « Agronomie- Territoire  » et « Mathématiques complémentaires » par exemple . La DGER précisera bientôt ce qu’il sera possible de proposer dans nos lycées.

Certains lycées envisagent de choisir « Mathématiques complémentaires  » en enseignement optionnel en terminale en plus des deux spécialités minimum en terminale. Cette hypothèse est justifiée par le fait que les élèves de nos lycées poursuivent parfois en classes prépas où cette matière (en plus de la biologie et de la physique-chimie) est essentielle pour espérer réussir.

Calendrier de la réforme

La nouvelle organisation des enseignements sera mise en place pour la classe de première et de seconde à la rentrée scolaire 2019, pour la classe terminale à la rentrée scolaire 2020. La première session du nouveau bac G aura lieu au printemps-été 2021.

Voie technologique : peu ou pas de changement

L’organisation en séries est maintenue.

La série « sciences et technologies de l’agronomie et du vivant » (STAV) reste pleinement d’actualité.

C’est le ministère qui reste maître du contenu de cette formation et de ce diplôme. Cependant, en vue de de la préparation de l’examen pour la session 2021, des adaptations de l’organisation de la formation devraient se mettre en place avec le même calendrier que celui du baccalauréat général.

Voie professionnelle : en attente d’une réforme…

La voie professionnelle n’a pas été incluse dans cette réforme du bac.

Les arbitrages  pour une réforme propre à la formation professionnelle devraient être bientôt annoncés, de nombreuses réflexions sont en cours. Le calendrier n’est pas encore connu.

Pour les classes de secondes GT à la rentrée 2018

L’organisation des enseignements sera très peu modifiée. La grille reste presque identique.

Pour les secondes générales et technologiques, seules les heures d’accompagnement personnalisé (AP) sont davantage fléchées vers l’orientation et l’expression.

Pour les classes de secondes GT à la rentrée 2019

Le projet n’est pas définitivement arrêté, et peut encore subir quelques modifications. L’organisation des enseignements sera considérablement modifiée. Elle voit disparaître les enseignements d’exploration qui sont dilués dans la nouvelle architecture préparatoire au cycle terminal (enseignements communs + enseignements optionnels).

Lors d’un groupe de travail organisé par la DGER le 30 avril, boycotté par de nombreuses organisations syndicales, le Sgen-CFDT a obtenu que l’EATDD (Écologie, Agronomie, Territoire et Développement Durable) soit un enseignement optionnel de 3 h que choisiraient tous nos élèves de seconde.

L’Éducation nationale a validé cette demande.

.Les enseignements de la classe de seconde comprendront des enseignements communs (26 heures)et deux enseignements optionnels, un général et un technologique, de 3heures chacun offerts au choix des élèves,

Les élèves de l’enseignement agricole pourraient prendre  l’EATDD comme enseignement optionnel général et pour l’ enseignement technologique optionnel , ils choisiraient , s’ils le souhaitent,  une des trois options suivantes :

  • Hippologie-Équitation
  • Pratiques sociales et culturelles
  • Pratiques professionnelles

Les SES, qui faisaient partie des enseignements d’exploration, appartiendraient désormais aux enseignements communs et seraient enseignées à raison d’1h30 par semaine. En outre, le projet d’arrêté prévoit la création d’un enseignement de « sciences numériques », d’une heure hebdomadaire.

Les élèves pourraient choisir au plus deux enseignements optionnels : un enseignement optionnel général et un enseignement optionnel technologique. Les enseignements optionnels de langues et cultures de l’Antiquité (LCA), de latin et grec peuvent être choisis en plus des deux autres enseignements optionnels.

Partage de l’AP entre maîtrise de la langue et des mathématiques et aide à l’orientation, l’accompagnement personnalisé viserait à « améliorer les compétences scolaires de l’élève dans la maîtrise écrite et orale de la langue française et en mathématiques ». Ces deux domaines seraient l’objet d’une « évaluation des compétences » organisée en début de classe de seconde. L’accompagnement personnalisé est placé sous la responsabilité des professeurs, « en particulier du professeur principal ».

L’AP serait également un « accompagnement au choix de l’orientation » selon les besoins des élèves. « Placée sous la responsabilité du professeur principal, l’éducation au choix de l’orientation implique l’intervention des professeurs de la classe, des professeurs documentalistes, des psychologues de l’Éducation nationale et des personnes et organismes invités par l’établissement ou mandatés par le Conseil régional », précise le texte. L’éducation au choix de l’orientation représente un volume de 54 heures annuelles.

Pour aller plus loin :