De nombreuses inquiétudes s’expriment suite aux annonces des nouveaux textes pour le bac EPS. Le Sgen-CFDT essaie d'un comprendre les enjeux et d'apporter des pistes de réflexion.
Un travail par compétence qui décrédibiliserait la fonction diplômante du Bac EPS
Les mentalités sont encore centrées sur les examens terminaux et les notes, surtout au lycée. Cela est compréhensible puisque le système est encore largement basé sur cette sélection par les notes. Mais, les moyennes sont là. Depuis 15 ans, les notes en EPS respectent une moyenne entre 13 et 14…. Et il est probable que cela continue… Le pilotage par cette moyenne est encore d’actualité…
Par contre, cela étant dit, il est possible de voir dans l’autonomie accordée aux équipes, la possibilité de réfléchir plus avant aux compétences travaillées, à ce que les élèves apprennent. Cela s’inscrirait en outre dans la perspective d’un parcours Bac+3 et peut donner de l’importance à l’EPS dans le parcours de l’élève.
Mais il est évident que nous sommes au coeur de la problématique générale du lycée : éduquer versus classer… Et qu’omettre l’une de ces deux réalités ne serait pas juste dans le contexte actuel, ni honnête vis à vis des élèves.
Des épreuves différentes d’un établissement à l’autre, qui seraient porteuses d’inégalité nationale…
Il est important de voir que ces inégalités entre lycées existent de fait déjà actuellement. L’EPS n’échappe pas à la discrimination sociale et économique de notre société. C’est pourquoi il est important de s’interroger sur ces inégalités d’un point de vue plus globale, sans les masquer. Et dès que cela est possible, agir sur ces dernières au niveau des territoires. (Et on le regrette fortement, mais les inégalités augmentent encore…). La prise en compte de cette problématique est essentielle que l’on soit sur une logique d’apprentissage, ou de sélection par un examen.
Au niveau des épreuves d’EPS, il convient effectivement d’avoir davantage de précisions sur ce cadrage national par champs et spécifier des objets d’études. Le travail en cours sur les référentiels devra garantir ce cadre. Les directives sur la répartition des points, la co-évaluation ainsi que la régulation au sein d’une commission académique peuvent aussi être des garde fous.
Mais l’inquiétude ne doit pas nous empêcher d’adopter une réflexion la plus pertinente qu’il soit pour permettre à tous les élèves d’apprendre, et d’être évalués sur ce qu’ils ont appris. Jusqu’alors, les équipes étaient pilotées par des référentiels très serrés. Les collègues étaient parfois amenés à détourner certains référentiels pour les rendre « vivables » par leurs élèves. Et des élèves en venaient à éviter les épreuves pour éviter une mauvaise note. Les inégalités n’étaient pas effacées, elles étaient au mieux cachées, voire accentuées en cas d’évitement. Prenons le risque de faire autrement…
Il ne s’agit donc pas selon le Sgen-CFDT de brader notre enseignement, ni de faire des enseignements à plusieurs vitesses, mais de permettre de travailler plus en lien avec le public, pour des apprentissages plus poussés s’inscrivant dans une logique d’épanouissement personnel et collectif.
Un travail colossal pour les équipes qui va demander beaucoup de temps, et confronter à de possibles distorsions au sein des équipes
Ce sera une vraie difficulté… C’est pourquoi le Sgen-CFDT demandera d’envisager des temps banalisés par les chefs d’établissement en début d’année. Des plages de travail qui dépassent la réunion sur le temps de la pause déjeuner seront nécessaires. Il conviendra également que chaque enseignant ou équipe qui se sent démunie face à ce travail, ou dans les relations au sein de son équipe, puisse demander sans jugement, une aide extérieure. La commission académique, est définie comme une instance importante de ces nouveaux programmes. Elle devrait permettre ces régulations, et pourquoi pas donné lieu à terme à une banque de ressources d’épreuves. Le Sgen-CFDT fait le pari de cette pyramide qui pourrait s’inverser. Les enseignants doivent avoir leur rôle à jouer. On doit leur en donner les moyens.