Les missions des Inspecteurs de l'Éducation nationale (IEN) ont beaucoup évolué ces derniers temps. La mise en oeuvre de la politique ministérielle faite souvent d'injonctions fragilise leur quotidien. Cela engendre chez eux fatigue, stress et surcharge de travail, de quoi inquiéter !
Une évolution urgente des missions des IEN
Pour le Sgen-CFDT, qui a participé activement aux Groupes de Travail sur le missions et les conditions de travail des IEN, la mise en place du Parcours Professionnel Carrière Rémunération envers les enseignants du premier degré a profondément modifié les missions des IEN dans leurs circonscriptions. Dans la lettre qu’il a adresséE aux IEN, le 21 décembre 2018, le Ministre annonçait qu’il allait favoriser au maximum un allègement des tâches administratives des inspecteurs pour recentrer sur le coeur de métier, à savoir l’accompagnement et l’inspection des professeurs. Cette annonce du Ministre n’a pas protégé les personnels contre la surcharge de travail et l’empilement des tâches.
Les IEN ont le sentiment d’un éparpillement lié à la multitude de tâches annexes non hiérarchisées et toujours urgentes.
Les IEN ont le sentiment d’un éparpillement lié à la multitude de tâches annexes non hiérarchisées et toujours urgentes. Leur investissement est phagocyté par la question du climat scolaire et une surcharge de travail liée à la montée considérable des crises judiciarisées. Ils ressentent une pression face à la réduction considérable des délais accordés pour répondre aux nombreuses enquêtes et requêtes qui les engagent dans un principe d’ « action – réaction » permanent, incompatible avec un pilotage pédagogique serein et efficace. Beaucoup d’entre eux ont désormais l’impression de passer leur temps à effectuer des tâches administratives au détriment de l’accompagnement des équipes pédagogiques. De quoi éloigner un peu plus cet acteur essentiel du terrain, des enseignants et de leurs réalités.
Ceci est d’autant plus vrai que la redistribution de services administratifs menée au sein des Directions des Services Départementaux de l’Éducation nationale a privé les départements de nombreux postes administratifs dont les tâches sont reportées sur les équipes de circonscription : enquêtes, PPMS, DUER, agréments, recrutement de services civiques (jusqu’à 48 dans certaines circonscriptions)… Dès lors, ces missions reposent sur l’IEN et les Conseillers Pédagogiques de Circonscription. Pour « faciliter » le travail, le Ministère a mis en place des applications, des enquêtes à remplir en ligne, mais cela se fait forcément au détriment de l’accompagnement de terrain.
Une perte d’ancrage avec le territoire de la circonscription
Comment dans ces conditions répondre aux situations de crise de plus en plus nombreuses au sein des écoles ? Comment trouver des solutions pour aider les enseignants à inclure des enfants à besoin particuliers dans les écoles ? Comment construire des formations en adéquation avec les besoins des équipes qui ne se résument pas à une seule journée de stage? C’est tout ce pan du travail de l’IEN qui est mis suspens et c’est pourtant, pour beaucoup, la partie du métier la plus intéressante. Impulser une équipe et l’accompagner, c’est servir la réussite de l’élève et donc oeuvrer à un service public d’éducation de qualité. C’est donc toute l’approche pédagogique du métier qui est mise à mal.
Une pression difficilement supportable par certains IEN
Beaucoup d’IEN font part de leur mal-être, déclarent alors travailler avec la « boule au ventre », ne plus réussir à dormir, avoir les larmes aux yeux en pensant à leur métier.
Les IEN sont fatigués par la communication permanente du Ministère, qui tous les quinze jours met un sujet sur la table dont les conséquences vont se traduire par des injonctions, qu’ils vont devoir porter, vérifier voire sanctionner. Beaucoup d’IEN font part de leur mal-être, déclarent alors travailler avec la « boule au ventre », ne plus réussir à dormir, avoir les larmes aux yeux en pensant à leur métier. Ces risques psycho-sociaux sont induits par l’activité elle-même et par l’organisation des relations de travail. Les IEN ont le sentiment trop souvent d’être entre le marteau et l’enclume, sans confiance de leur hiérarchie, mais face à une défiance des équipes.
Le Ministre doit donc agir
Pour le Sgen-CFDT, il convient donc de faire confiance aux IEN dans leur capacité à piloter leur circonscription et à mettre en œuvre la politique fixée. Les IEN sont aujourd’hui en souffrance sur de nombreux territoires. Cela agit sur leur engagement professionnel, mais pour certains aussi sur leur vie personnelle. C’est donc toute la politique de management du Ministère qui est à revoir. Permettre aux IEN de faire des choix, d’être à l’écoute des équipes, d’identifier les besoins de leur territoire, c’est garantir à tous les étages un mieux être au travail pour tous, et une meilleure efficacité au profit des élèves.