La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques partage les constats, les préoccupations et les enjeux transversaux posés par la convention citoyenne sur les temps de l'enfant. Nous partageons une grande partie des recommandations mais plusieurs mériteraient des clarifications.
Le rapport de la convention citoyenne
propose 20 recommandations pour améliorer la qualité des temps de l’enfant en réponse à la demande du premier ministre.
Les temps de l’enfant : une organisation basée sur des contraintes, un manque de moyens financiers et humains
La CFDT partage l’ensemble des constats posés par la convention citoyenne. Les temps sont organisés en fonction des contraintes de la société et ne correspondent pas toujours aux besoins physiologiques des enfants aux différents âges. C’est par exemple la même journée et la même semaine pour un enfant de 3 ans ou de 10 ans. Par ailleurs, les différents temps se succèdent et se superposent et aboutissent à une organisation fragmentée.
Les citoyen⋅nes notent l’absence de temps libres pourtant essentiels au développement et à l’équilibre des enfants. Ils notent aussi que les enfants sont soumis à une pression normative de l’efficacité et de la productivité, à l’image de la société pouvant causer anxiété et perte de confiance.
Enfin les citoyen⋅nes estiment que les moyens investis ne sont pas à la hauteur des enjeux de l’enfance, entrainant un déficit d’attractivité des métiers concernés et des fermetures de structures.
Sans investissement financier massif, rien ne sera possible.
Des recommandations pour des temps repensés
Dans son cahier d’acteur la CFDT a porté de nombreuses propositions communes avec celles contenues dans le rapport de la convention citoyenne : repousser le début des cours en collège et lycée, des temps libres sans contraintes ou objectifs, la sieste possible jusqu’en grande section, des temps et des lieux d’accueil en début de journée répondant à toutes les situations des enfants.
Nous partageons la réflexion menée sur la place des devoirs, l’importance d’une pause méridienne de qualité, un calendrier annuel à deux zones.
Que ce soit pour la généralisation d’une semaine scolaire étalée sur 5 jours en primaire, le travail en projets interdisciplinaires (particulièrement dans le second degré), l’organisation de séjours chaque année, si la CFDT partage la pertinence de mener une réflexion, celle-ci ne pourrait être lancée qu’après avoir obtenu une revalorisation salariale des personnels et une réduction du temps d’enseignement des enseignants afin de prendre en compte la charge de travail déjà trop élevée et les conditions actuelles de travail très dégradées. Toutes ces évolutions demanderaient des temps de concertation importants entre les différents professionnels concernés. Ces temps devraient être reconnus dans leur temps de travail et ne pas s’ajouter.
Enfin la séparation entre des apprentissages qui seraient théoriques et d’autres qui seraient pratiques ne nous semble pas pertinente pédagogiquement, sans compter les difficultés en terme de gestion des infrastructures pour certaines activités qui se retrouveraient concentrés sur une amplitude horaire réduite.
Des recommandations pour coordonner au niveau national et local
La CFDT partage l’importance portée au Projet Educatif de Territoire (PEDT) comme outil pour faciliter la coordination entre les différents acteurs et les différentes politiques mais cela ne saurait suffire. Ce n’est qu’un outil derrière lequel il y a des professionnels ayant leur propre culture professionnelle. Ils doivent se rencontrer, apprendre à se connaitre, par exemple à l’occasion de formations communes sur des sujets partagés (éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, compétences psycho-sociales, laïcité, etc.). La concertation indispensable à la construction du projet doit être encadrée. Les acteurs doivent s’autoriser la progression par expérimentations successives.
L’utilisation des locaux scolaires en dehors des temps scolaires nécessiterait de construire des chartes d’utilisation, des règlements intérieurs partagés. Deux exemples qui nécessiteraient une clarification rigoureuse : d’une part les salles de classes en primaire contiennent une quantité importante de matériel pédagogique et d’autre part ce sont aussi les bureaux des enseignants qui contiennent des documents administratifs nécessitant un respect de la confidentialité.
D’autres recommandations concernant les mobilités, la rénovation et l’adaptation des bâtiments vont dans le sens d’une amélioration des conditions de travail des enseignants et des conditions d’apprentissage des enfants.
Des recommandations pour accompagner la parentalité.
Concernant les écrans, à la CFDT nous considérons qu’ils peuvent-être des outils pédagogiques mais nous pensons que les enjeux concernant les usages doivent être partagés entre les acteurs tant l’impact peut être grand sur l’épanouissement des enfants (sommeil, relations sociales, …). Les recommandations nous semblent floues sur ce point.
Nous aurions aimé voir des propositions pour reconnaitre le rôle des représentants légaux et des représentants de parents d’élèves élus. En effet, la relation parents-éducateurs, y compris périscolaires, est indispensable pour établir une relation de confiance et accompagner chaque enfant ou jeune dans son parcours. La participation des parents à travers leurs fédérations dans la vie des établissements et des écoles est à soutenir comme il importe de dénoncer les idées et pressions d’extrême-droite véhiculées par des associations de parents de cette mouvance. Face à des horaires de réunions peu compatibles entre les acteurs et à une implication qui pèse majoritairement sur les femmes, il est nécessaire d’étudier les conditions de la reconnaissance par un statut ou un droit à congé, des représentants de parents d’élèves.