REP et REP+, travail en réseau ?

Les derniers rapports du CNESCO et de l'IGAEN pointent les évolutions urgentes à apporter au pilotage des réseaux d' éducation prioritaire, REP et REP+. Pour le Sgen-CFDT, c'est l'occasion de prendre conscience des enjeux pédagogiques du travail en réseau...

REP et REP+ en réseauLa loi de refondation et la réforme de l’Education prioritaire, avec ses 14 mesures clés, a vu son application généralisée à la rentrée 2015. Pour le Sgen-CFDT, les nouvelles mesures importantes mises en œuvre en REP et REP + visent à modifier en profondeur les pratiques pour la réussite du parcours de chacun. (telles que « plus de maitres que de classes », 9 journées de formation et de rencontres ou heures de pondération dans le 2nd degré)

Cette réforme ne pourra se passer d’une évaluation construite qu’il convient de penser dès maintenant.

CNESCO : un rapport très critique pour l’Éducation Prioritaire…

Le rapport du CNESCO – Conseil National d’Évaluation du Système Scolaire – paru fin septembre 2016, fait référence à l’évolution des zones d’Éducation Prioritaire (EP) depuis leur origine jusqu’en 2012 (date des contributions des chercheurs).

Inégalités sociales, inégalités territoriales

Ce rapport dénonce l’accentuation des inégalités sociales au sein des établissements scolaires et en particulier dans les zones d’EP, sans oublier le fait que treize académies seulement accueillent 70% des élèves de l’éducation prioritaire.

Le CNESCO souligne les nouvelles mesures propres à l’éducation prioritaire, REP et REP+,  généralisées  en septembre 2015, trop récentes pour être évaluées.

Les rapports des Inspections Générales questionnent le pilotage des réseaux.

Le rapport du CNESCO est aujourd’hui complété par le rapport des IGEN et IGAENR (Inspection Générale de l’Administration, de l’Éducation nationale et de la Recherche) sur le fonctionnement des REP et REP+, point d’étape, en particulier à travers leur pilotage depuis la mise en œuvre de la loi, en septembre 2015.

Le Sgen-CFDT souligne la complémentarité de ces deux rapports qui encourage la mobilisation des équipes de terrain, l’articulation des différents acteurs pour la réussite des pilotes pour la réduction des écarts de réussite en et hors Éducation prioritaire.

Toute réforme, notamment pédagogique, nécessite du temps pour répondre aux objectifs fixés.

Ce rapport, point d’étape, ne s’appuie que sur une expérience très courte  au regard des enjeux pédagogiques. Toute réforme, notamment pédagogique, nécessite du temps pour répondre aux objectifs fixés. Cependant, il dénonce la faiblesse du pilotage académique, trop soumise à la bonne volonté des acteurs, qu’il encourage à faire évoluer !

Les constats du rapport :

  • La légitimité du correspondant académique pose souvent question, il est d’ailleurs souvent inconnu des collègues.
  • Les comités de pilotage n’associent que trop rarement les acteurs de terrain.
  • L’articulation des projets des écoles ou établissements et du projet de réseau n’est pas réfléchie.
  • L’évaluation n’est que peu prise en compte par le comité de pilotage.
  • Les actions de formation continue 1er et 2nd degrés sont rarement coordonnées et peu lisibles.
  • L’entité réseau n’est pas reconnue en terme de gestion des moyens, ni pour l’évaluation du travail d’équipe.
  • Le partenariat avec les acteurs extérieurs n’est pas construit.
  • Les enjeux locaux (effectifs par classe, mixité sociale, personnels…) priment le plus souvent sur la gouvernance.
  • Dans le 2nd degré, la mobilisation autour de la réforme du collège a pris le pas sur la refondation de l’Éducation prioritaire !

Les propositions du rapport :

  • education prioritaire - REP et REP + en réseauRevoir les dotations en postes 1er et 2nd degrés, personnels médico-sociaux, au travers de l’entité réseau, qui n’a pas de réalité reconnue.
  • Redéfinir les rôles des pilotes académiques, départementaux ; les missions du DASEN, du correspondant académique (COAC-EP), des IA-IPR et des formateurs REP+.
  • Penser les projets de réseaux comme des outils de dialogue.
  • Affirmer la priorité à la formation et à l’accompagnement pédagogique.

Le Sgen-CFDT souligne l’importance du réseau, des temps de travail reconnus pris en considération par les journées REP+, la pondération. Toutes les équipes en vantent l’efficacité, l’importance bien qu’elles souhaitent davantage de lien inter degrés. Elles souhaitent aussi davantage de reconnaissance et d’accompagnement au quotidien.

D’un fonctionnement pyramidal à un fonctionnement en réseau !

Le Sgen-CFDT dénonce le manque de coordination des pilotes de terrain. Il souligne l’analyse des auteurs de ce rapport pour encourager les équipes académiques à renforcer voire réorienter le pilotage de l’éducation prioritaire.

En effet, l’échelon académique doit renoncer à un mode de pilotage pyramidal et hiérarchique au profit d’un mode de pilotage plus participatif.

L’articulation entre correspondant académique et DASEN doit être redéfinie, le rôle du correspondant, relai du Ministère de l’Éducation nationale et organisateur de la stratégie locale est à clarifier.

Faire prendre conscience des enjeux pédagogiques du travail en réseau et de la nécessaire interrogation des pratiques

Ainsi, le Sgen-CFDT soutient la plupart des recommandations formulées dans ce rapport :

  • Passer d’un système pyramidal à un modèle fondé sur la subsidiarité (recherche du niveau le plus pertinent)
  • Mettre en place des dialogues stratégiques de réseau s’appuyant sur les projets de réseau
  • Associer les parents et les partenaires à la vie quotidienne du réseau
  • Clarifier le pilotage, la complémentarité entre comité académique et comité de direction, le rôle du COAC-EP (correspondant académique de l’éducation prioritaire)
  • Organiser l’animation des pilotes de réseaux, la mutualisation
  • Améliorer la GRH – Gestion des Ressources Humaines, notamment pour la nomination des titulaires et non titulaires
  • Faire évoluer l’évaluation des personnels en tenant compte de l’inter degrés
  • Proposer des évaluations nationales « repères » des élèves

Le Sgen-CFDT dénonce le manque de formation à disposition des collègues 1 et 2D. Il s’agit avant tout de leur faire prendre conscience des enjeux pédagogiques du travail en réseau et de la nécessaire interrogation des pratiques.