L’ESPE…. 5 ans après….

L’attention sur notre modèle éducatif s’est davantage portée sur les réformes de structure (réforme du collège et maintenant du bac, rythmes scolaires à l’école) et du contenu des enseignements que sur les conditions de travail des femmes et des hommes qui assurent l’éducation de nos élèves. Le prem

 
 
Loi de refondation de l’Ecole et de la République du 8 juillet 2013
La mise en place des ESPE a dû répondre à l’urgence de refondation suite à la suppression des IUFM en 2008 par N. Sarkozy. La création de l’ESPE s’est opérée après la suppression de 80 000 postes de 2008 à 2012 et il faut pour cela reconnaitre la collaboration efficace entre les différents acteurs de la formation au sein de l’Éducation nationale entre les ex-IUFM, les universités et les rectorats qui ont permis une rapide refondation. Le nouveau dispositif de l’ESPE prépare à des masters Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) dans le cadre d’un cursus de 2 années post-licence articulant enseignements, stages et périodes d’alternance. Depuis que la formation des enseignants est sous le giron universitaire, il est impossible que celle-ci soit orchestrée du seul cabinet ministériel.

Un manque flagrant de moyens
Si dans chaque ESPE on enseigne le partage des valeurs de la République, elle se doit d’être dotée suffisamment à travers son budget pour servir la première de ces valeurs : l’accès à une éducation ambitieuse pour nos élèves. Les budgets des ESPE dépendent principalement des universités et des rectorats et on assiste souvent à un manque cruel de moyens. Aucune stratégie de formation ne peut être pérenne si une stabilité financière n’est pas présente au sein de chaque ESPE.

Une formation à consolider
Dans la formation continue classique en Master MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) qui se déroule sur 2 années consécutives, les concours de recrutement de professeurs et des personnels d’encadrement interviennent à la fin de la première année en Master 1. La place du concours vient donc parasiter la première année de formation qui est fondamentale dans la professionnalisation des futurs professeurs. Nous encourageons le ministère à un repositionnement du concours : il devrait selon la réforme qu’il envisage, choisir entre un positionnement à Bac +3 ou à Bac +5. La majorité des professeurs stagiaires regrette une formation professionnelle déficiente tant d’un point de vue pédagogique que didactique. Plus grave, les étudiants dénoncent le manque de préparation à la pratique du métier dans la classe. La charge de travail à l’ESPE laisse peu de temps aux stagiaires pour  mener à bien leur stage en classe. Le mémoire professionnel occupe une grande partie des esprits sur les deux années de master. La production du mémoire occulte les véritables bienfaits du stage professionnel. L’ESPE ne doit pas seulement constituer un bagage théorique, elle doit répondre aux besoins d’une formation pratique des professeurs. N’oublions pas que ceux-ci auront pour mission de servir l’égalité des chances à l’heure où l’école doit remplir son rôle face à tous les obscurantismes.

Un continuum de formation
Les parcours sont adaptés selon les profils (enseignant du 1er et 2nd degré, conseillers principaux d’éducation, formateur….) mais c’est à la formation de s’adapter aux besoins à la fois des étudiants et à ceux de la société. Il est regrettable que l’organisation de l’ESPE oblige certains formateurs à prendre au pied levé des heures de formation actées au dernier moment par le rectorat.
Les tuteurs de terrain (PEMF) sont pour les stagiaires une véritable « béquille ». Ils permettent de passer de la théorie à la pratique. On constate un véritable écart entre les exigences ministérielles théoriques et leur mise en pratique réelle sur le terrain. Les étudiants sont quasiment unanimes sur un point : la formation par les pairs et les réponses pratiques sur la gestion de classe et des élèves sont primordiales.
L’obtention du concours est une première étape. Pour améliorer ses pratiques, la formation doit permettre la construction progressive du métier. Il faut poursuivre la co-construction de la formation entre les directions des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) et les ESPE et trouver une complémentarité pour penser un continuum de formation du master aux années post-titularisation.