Grève ou pas grève ?

Quelles modalités d’action pour préserver notre santé, celle de nos élèves ? Tout en garantissant de bonnes conditions de travail ?

En préambule, rappelons que l’objectif de ne pas fermer les écoles constitue un enjeu majeur : nous avons le souci de ne pas augmenter les décrochages scolaires  ni les problèmes socio-économiques.  Pour autant, il nous faut essayer de garantir du mieux qu’on le peut la sécurité sanitaire des personnels comme des élèves et de leurs familles.

Considérant que les conditions sanitaires n’étaient pas satisfaisantes, des organisations syndicales ont appelé à faire grève le mardi 10 novembre.

Faut-il appeler à faire grève mardi 10 novembre 2020 ?

Des avis différents ont ainsi pu s’exprimer. Les voici :

Contre la grève

Faire grève risque de perturber une organisation déjà bien fragilisée et de mettre en difficulté des salarié·e·s, les parent·e·s d’élèves, particulièrement celles et ceux qui sont en deuxième ligne, qui ne peuvent pas télétravailler .

Faire grève c’est aussi alimenter le prof bashing en laissant bien des gens ironiser sur le cumul d’un « jour de congé » juste avant le 11 novembre.

En outre, grâce à l’action tenace du Sgen-CFDT auprès du ministère, les lycées viennent d’obtenir le passage à un effectif de 50% au minimum en présentiel. Ainsi l’application du protocole sanitaire, en particulier pour la cantine est moins impossible à atteindre. Nous avons aussi obtenu le contrôle continu et la possibilité d’avoir une adaptation locale des organisations de travail.

Il serait donc paradoxal de nous mettre en grève.

Enfin, faire grève pour demander la présence de 50% des élèves aussi en collège et dans les écoles, c’est à nouveau connaître les affres de l’hybridation. Autrement dit le cumul du travail à distance avec le travail en présence. Quand on a vécu ce type de fonctionnement chronophage, on n’a pas  envie de le connaître à nouveau ! Faire grève ne risque-t-il pas de passer pour la volonté de demander l’hybridation sans condition ou le risque de l’obtenir avec le retour du « démerdentiel » ?

Pour la grève

Pour autant, les raisons d’être en colère ne manquent pas. Bien des collègues ont envie de dire « stop », « assez » !

La situation en collège – mais même en lycée –  et dans le 1er degré ne permet pas de travailler sereinement : Impossibilité d’aérer correctement, de nettoyer comme il le faudrait, absence de masques inclusifs, retard  dans l’arrivage des nouveaux masques voire pas d’envoi du tout…
Autant d’éléments de mécontentement que vous retrouvez dans notre compte rendu du Comité d’Hygiène, de Sécurité et de Condition de Travail extraordinaire qui a eu lieu mardi.

Les ordres, contrordres, injonctions contradictoires, y compris sur l’hommage à Samuel Paty, nous exaspèrent toutes et tous. Tout comme le fait de recevoir des informations par la télévision ou la presse au lieu que notre ministre s’adresse d’abord à nous.

Les programmes, contrairement à ce que demandait le Sgen-CFDT n’ont pas été revus à la baisse. En terme de lutte contre le décrochage scolaire, ce sont des bouts de ficelle qui ont été distribués.

Les personnels de direction sont contraints de travailler non stop et de refaire sans arrêt de nouvelles rentrées.

Les gestionnaires n’ont aucun moyen supplémentaire pour acheter du gel ou faire débloquer des fenêtres alors qu’ils s’échinent à poser des demandes auprès des collectivités depuis des années, sans succès…

Des AESH travaillent sans distance physique ni masque inclusif.

La dernière décision du ministère ne dit rien des conditions de travail en LP. Elle laisse de côté les cités scolaires qui regroupent aussi un grand nombre d’élèves, dont des collégien·ne·s.

Et nous apprenons que le ministère va supprimer 1800 postes dans le second degré l’an prochain.

Une troisième voie : choix aux personnels et aux équipes

D’autres ont exprimé un point de vue différent. Dans certains établissements les équipes, par la concertation, arrivent à trouver des solutions qui les satisfont. Le passage au self, point délicat du protocole, arrive à se faire sans brassage.

A l’inverse, dans d’autres établissements, les conditions matérielles sont compliquées (fenêtres bloquées, gros effectifs etc…) et la sécurité sanitaire bien aléatoire.

Autrement dit, le recours à la grève pourrait convenir à des établissements pour faire pression quand il s’avérerait moins utile dans d’autres.

Ces militant·e·s ont exprimé la possibilité de laisser le choix aux équipes et aux adhérent·e·s. Le choix de faire grève ou pas, mais aussi le choix du moment opportun pour faire grève.

La nuance est donc dans le fait de laisser le choix aux adhérent·e·s par un préavis sans pour autant appeler massivement à une grève un jour donné. Le préavis de grève dans ce cas couvre plus d’une journée.

Aller plus loin et découvrir la position fédérale  :  

Pour un système éducatif résilient à l’épidémie : le Sgen-CFDT poursuit son action