Billets d’humeur [nous RÉAGISSONS]

Halte au bashing Éducation Nationale

[JANVIER 2024]

Bilan semestriel – Gabriel Attal : « Vite fait, mal fait ».

La pédagogie étant l’art de la répétition, on va se le redire : le temps éducatif ne peut pas coïncider avec le temps médiatico-politique. En conséquence de quoi :

  • quand un ministre de l’éducation nationale arrive le 20 juillet en poste, la rentrée de septembre est déjà préparée depuis bien longtemps. La préparation d’une rentrée commence au moins 10 mois avant, lorsque le budget fixant le nombre de postes est voté.
  • quand un ministre dit « je vais augmenter tout le monde dès septembre » c’est que son (ou ses… au rythme où ça va…) prédécesseur avait tout programmé et que « tout le monde » n’est qu’une expression…
  • quand un ministre écrit aux parents qu’ « à partir d’aujourd’hui, près de 1200 Écoles déploient des temps d’apprentissage du respect de l’autre, de la culture de l’apaisement et d’empathie », c’est que ses services ont répertorié le nombre de classes qui le faisaient déjà pour donner l’impression que c’est lui qui a impulsé quelque chose. Il n’a pas appelé, mobilisé et formé 1200 enseignants pendant les vacances de Noël…
  • quand il annonce qu’il va déplacer tout son cabinet une fois par mois dans un établissement scolaire pour « être au plus proche du terrain », vous savez que c’est impossible et qu’il le fera peut-être… une fois.
  • ad libitum

Bref, quand on est prof depuis 10, 20, 30 ans, on n’est pas dupes, on sait faire la distinction entre un élève qui a travaillé le sujet et un autre qui a très bien présenté sa copie mais a tout pompé sur son voisin ou Tchat GPT.

Appréciation générale : bon semestre sur la forme, ne pas oublier le fond. Proposition d’orientation : CAP peintre en bâtiments, en carton.

[Décembre 2023]

Exigence des savoirs : beaucoup de bruit et puis quoi ?

L’élixir magique du Dr Attal – Edito

A peine les résultats des études PISA publiées, le ministre G Attal dégainait déjà ses remèdes : retour du redoublement à la main des enseignants, groupes (ou classes) de niveau, réussite au DNB comme préalable à l’entrée au lycée, manuels de lecture labellisés… Ces mesures ont‑elles été recommandées par la mission « exigence des savoirs » après consultation des enseignants et des organisations syndicales ?
On ne sait pas, car qui s’en soucie ? Les mesures étaient prêtes et quasiment déjà annoncées depuis la rentrée. En focalisant l’attention sur les maux de l’École, en affolant l’opinion sur son « déclin », le ministre espère‑t‑il se présenter en ministre providentiel ? En docteur miracle ? Quels sont donc les ingrédients de son élixir magique ?

Un zeste de démagogie, une louche de bon sens, une pincée de mesures réactionnaires ! Et hop les élèves français retrouveront l’excellence (en maths et en français, car le reste ne compte pas). Réduire les « exigences du savoir » pour les élèves du XXIème siècle aux fondamentaux (maths/français) de la maternelle au baccalauréat, avec pour seul horizon des scores élevés à des tests formatés et quantitatifs doit certainement rassurer certains, mais pour le Sgen‑CFDT on est loin de l’ambition qu’une société devrait avoir pour sa jeunesse, confrontée à des enjeux majeurs (climat, populisme, violence…) qu’elle prendra de plein fouet, faute de courage politique.

[novembre 2023]

Beaucoup d’agitation du Ministre pour donner l’illusion de l’action ou de la concertation alors que le manque de moyens matériel ou humain reste le coeur de bien des problèmes de l’école. L’effet « poudre aux yeux », si elle peut suffire à éblouir momentanément l’opinion publique, ne fait qu’attiser le sentiment de défiance et de découragement des personnels…

Parmi les gadgets proposés :

Pour combattre le harcèlement : un questionnaire élève dont on ne sait ni par qui, ni comment, seront traitées et utilisées les données… et surtout quelles solutions pourront être proposées. Des personnels sommés du jour au lendemain, de « faire 2h » de lutte contre le harcèlement, seuls, sans formation… au détriment de leur organisation pédagogique et à charge pour eux de dépouiller les résultats…

Pour améliorer les résultats des élèves : un questionnaire « professeur » « exigence des savoirs « (sic !) tellement orienté que les « solutions » sont sans nul doute déjà écrites… d’ailleurs avec la fin de la pseudo consultation le 20 novembre comment croire que synthèse (déjà 100 000 réponses selon le Ministre !) et rédaction du « rapport » pourraient être remis « fin novembre » si les résultats n’étaient pas déjà connus…

Pour protéger les établissements : un « bouton » d’appel en cas d’intrusion… seule « mesure » médiatisée puisque la mission « flash » du Ministère n’a pas été rendue publique, et pour cause… D’après Frédéric Leturque, coprésident de la commission éducation de l’Association des maires de France, l’enquête du ministère conclut « à une sécurisation insuffisante d’environ la moitié des établissements du pays et, là encore, en premier lieu des écoles ». Et le Ministre laisse la main aux communes puisque les bâtiments relèvent de leur compétence… Communes qui mettent en avant leur manque de moyens. Rassurez-vous : en attendant les directeurs devraient avoir une formation « à la gestion de crise »…

La DEPP (service statistique de l’Education Nationale) concluait dans son rapport sur la dépense publique éducation 2022 : « En matière de comparaisons internationales, en 2020, la France dépense moins que la moyenne des pays de l’OCDE pour un élève en élémentaire ». Dont acte !

« Retour vers le futur » c’était drôle ! Appliqué en éducation c’est triste, inquiétant et rance.

Par Sandrine DUMAS.

Octobre 2023

Notre billet de mauvaise humeur ICI.

 

[Rentrée mytheuse]

Par Gwenael LE GUEVEL – septembre 2023

[Billet d’humeur] À peine arrivé, notre ministre s’est fait déministré. Notre président voudrait qu’on fasse l’école ensemble tout en appliquant ses directives jacobines et jupitériennes venues d’en haut.

Plusieurs fois, on nous a annoncé une “révolution copernicienne” : des idées qui viennent du bas. Sauf que depuis 2017, les circulaires, décrets et autres notes de service ne cessent de venir corseter l’action de terrain tout en diffusant dans l’opinion publique les vieilles lunes des nostalgiques d’un temps mythique fantasmé où les élèves respectaient l’autorité (en fait l’époque où seuls les garçons de bonne famille accédaient au collège). Une start-up avec de la naphtaline

La naphtaline, pour les plus jeunes, c’étaient des boules chimiques contre les mites qu’on laissait à côté de ses habits pour ne pas se retrouver avec des mini-trous dans les pulls. Elles laissaient une odeur caractéristique, celle des armoires de nos grands-mères. Ces petits sacs de boules blanches étaient bien pratiques car efficaces mais il a été établi que le naphtalène est très nocif à la fois pour vous et tout votre environnement. Elle est donc désormais strictement interdite à la vente.

Les coups de règles sur les doigts, les élèves au coin, les bonnets d’âne, les coups de pied au cul, les oreilles tirées et autres baffes dans la gueule avaient également une certaine efficacité. Ils remettaient assez vite les élèves dans le rang tout en les humiliant publiquement pour ne pas qu’ils s’avisent de recommencer… Et puis… on s’est dit que… quand même… il y avait peut-être là une incohérence éducative…

Une start-up, pour les plus vieux, est une jeune pousse parmi une pépinière de bébés entreprises qui pensent avoir un produit innovant qui pourrait rapidement inonder le marché. C’est le modèle retenu, dans une certaine mesure, pour les écoles de Marseille, par exemple : libérer l’innovation sur le terrain en lançant des appels à projet.

Cette démarche décentralisatrice et responsabilisatrice pourrait nous convenir mais

1) comme dit précédemment, nous avons beaucoup de mal à y croire et à nous y investir tant est elle est contradictoire avec la posture jupitérienne du président et

2) s’y ajoute les sujets et les propositions de l’extrême droite présentés comme produits innovants. Uniformes et autres tenues autorisées (entre le croc top et l’abaya, merci de nous indiquer le nombre de centimètres autorisés), autorité, enseignement de l’histoire, un festival ! Bientôt le drapeau, la Marseillaise et peut-être la gymnastique collective !

L’équipe de communicants du porte-parole du président pourra vous présenter cela comme un “en même temps” séduisant : allier à la fois l’innovation et la conservation de ce qu’il y a de bon. Mais le problème c’est qu’une fois qu’ils passent à la mise en pratique, l’innovation passe à la trappe pour laisser la place à du recyclage d’idées rances et toxiques.

Cette vidéo date de 2008…

[nous RÉAGISSONS!] Bientôt la fin des longues vacances d’été ?

Août 2023

Dans une interview donnée dans « le Point », le président de la République s’attaque une fois encore aux vacances d’été. Ce dernier indique vouloir une rentrée scolaire dès le 20 août pour les élèves « qui en ont besoin ». Outre le fait que cette annonce relance la polémique des vacances d’été trop longues, et que cette dernière soit faite en pleine canicule… une reprise anticipée pour les élèves en difficulté s’appelle… le SRAN, et cela existe déjà. Bref, rien de nouveau sous le soleil. Mais Emmanuel Macron ne s’est pas arrêté là.

Non, lui qui assume faire de l’éducation « le domaine réservé du président » tâcle le « pédagogisme » (faisant écho aux dernières interviews d’Eve Vaguerlant, nous vous laisserons juger le contenu des propos vous-même). Le président indique également que « L’histoire doit être enseignée chronologiquement et l’instruction civique, devenir une matière essentielle » Les programmes seront donc modifiés (sait-on jamais, si vous aviez dans l’idée de travailler sur Napoléon puis Neandertal…).

[nous RÉAGISSONS!] L’uniforme : c’est non !

Mai 2023

L’uniforme ne combat pas  les  inégalités scolaires, il n‘a aucune efficacité éducative et ne répond pas à une attente sociale. Les pays disposant encore de l’uniforme n’ont pas de meilleurs résultats (exemple : les Etats-Unis) et n’ont pas réussi à éliminer leurs inégalités sociales. Ramener dans le débat public un thème qui fleure l’extrême-droite, le patriotisme nauséabond et l’archaïsme social, ce n’est pas grandir l’Ecole de la République.
Si on évoquait plutôt le travail des personnels ? Et les besoins des élèves, on en parle ?
Le Sgen-CFDT a de nombreuses propositions pour réduire les inégalités ! Mais il faut une réelle volonté politique !
Plus de maitre que de classe, réduction des effectifs, des AESH pour tous les enfants notifiés, de la confiance, 21h+6h, conditions de travail, reconnaissance des tâches invisibles … On continue ?

[nous RÉAGISSONS!] Concours PE niveau licence

Devenir professeur des écoles, ce n’est plus une vocation, c’est un chemin de croix !
Remettre le concours en L3 uniquement pour les professeurs des écoles, c’est revendiquer, inéluctablement, un décrochage premier – second degré. Inacceptable pour le SGEN-CFDT ! 

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