Halte au bashing Éducation Nationale
[septembre 2024]
Enième nomination ministre de l’EN
Nomination scandaleuse à la tête du ministère de l’Éducation nationale : une insulte aux valeurs de l’école publique
Le Sgen-CFDT Aquitaine ne peut pas rester silencieux face à la nomination de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, qui, il faut le rappeler, dirigeait jusqu’ici une agence de services à domicile. Est-ce ainsi que l’on valorise l’éducation, en confiant la responsabilité d’un des ministères les plus cruciaux de la République à une personne dont la carrière est ancrée dans une logique commerciale bien éloignée des missions éducatives et humanistes de l’école publique ?
Nous avons besoin de dirigeant·e·s qui comprennent les enjeux de l’éducation, les réalités des salles de classe, la diversité des élèves, et surtout, l’importance de l’émancipation par le savoir. Elle renvoie aux familles l’idee que le projet de réussite scolaire pour leurs enfants est réduit à une simple et funeste gestion des flux. Confier cette mission à une proche de Gabriel Attal, plutôt connue pour son travail sur la défense et la politique étrangère, sans compétences spécifiques sur l’éducation, c’est mépriser les personnels de l’éducation, les élèves et les familles.
Cette nomination est un affront aux enseignants, aux AED, aux CPE, aux AESH, aux personnels administratifs, aux Psy-En, et à tous ceux qui se battent au quotidien pour faire vivre une école plus juste, plus inclusive, plus émancipatrice. Elle révèle un décalage inquiétant entre les décisions prises en haut lieu et la réalité du terrain.
Nous n’avons pas besoin d’une gestionnaire des services à la personne à la tête de l’éducation nationale. Nous avons besoin de quelqu’un qui porte une vision forte, un projet ambitieux pour l’école de demain, qui défende la laïcité, l’égalité des chances, et la formation de citoyens éclairés.
Il est temps que les décideurs politiques se reconnectent aux véritables priorités de l’école publique et qu’ils reconnaissent que l’Education est avant tout un investissement pour l’avenir et non une charge pour le présent.
[Mai 2024]
Kit JO – 2€
Une fois de plus en totale déconnexion avec le terrain, le ministère signe une opération de communication qui frôle l’absurde, tant sur le fond que sur la mise en œuvre. Ce kit JO qui pourrait simplement prêter à sourire est dans les faits une véritable provocation. Au moment où Bercy annonce des économies drastiques dans les ministères, ce sont 16 millions d’euros qui ont été trouvés et dépensés pour une opération de pure communication auprès des familles des 4 millions d’élèves des écoles élémentaires.
Alors que le manque de moyens pour l’École publique est factuel (suppression de 650 postes dans le premier degré public à la rentrée 2024), au lieu de donner une pièce à chaque élève, le ministère aurait été inspiré à utiliser l’argent public à bon escient : le financement d’une École publique garantissant réellement les conditions d’enseignement et de scolarisation pour la scolarité de toutes et tous.
Nous proposons également aux collègues un courrier à destination des parents : ce courrier doit être plié en deux et fermé, agrafé, ou sous enveloppe. Il est à distribuer en même temps que le kit JO.
Lettre aux parents à propos du kit JO
Chers parents,
Dans le cadre de l’opération gouvernementale sur les Jeux Olympiques de Paris, le gouvernement fait distribuer par les équipes enseignantes un fascicule ainsi qu’une pièce de 2€ à chaque élève du CP au CM2.
Cette action de communication autour des JO a un coût de 16 millions d’euros. À l’heure de l’austérité budgétaire pour toutes et tous, des fermetures de classes et fusions d’école, cet argent aurait été bien plus utile ailleurs. Notre priorité, c’est d’avoir les moyens pour faire réussir nos élèves, pas d’assurer la communication du gouvernement. C’est pourquoi nous continuerons à exiger des moyens pour l’école !
Enfin, pour nous, enseignantes et enseignants, il est problématique de distribuer de l’argent à l’école directement aux enfants.
N’hésitez pas à faire un don de 2€ (avec une autre pièce que la pièce commémorative) pour la caisse de la coopérative scolaire.
Merci pour votre soutien.
L’équipe enseignante
[JANVIER 2024]
Bilan semestriel – Gabriel Attal : « Vite fait, mal fait ».
La pédagogie étant l’art de la répétition, on va se le redire : le temps éducatif ne peut pas coïncider avec le temps médiatico-politique. En conséquence de quoi :
- quand un ministre de l’éducation nationale arrive le 20 juillet en poste, la rentrée de septembre est déjà préparée depuis bien longtemps. La préparation d’une rentrée commence au moins 10 mois avant, lorsque le budget fixant le nombre de postes est voté.
- quand un ministre dit « je vais augmenter tout le monde dès septembre » c’est que son (ou ses… au rythme où ça va…) prédécesseur avait tout programmé et que « tout le monde » n’est qu’une expression…
- quand un ministre écrit aux parents qu’ « à partir d’aujourd’hui, près de 1200 Écoles déploient des temps d’apprentissage du respect de l’autre, de la culture de l’apaisement et d’empathie », c’est que ses services ont répertorié le nombre de classes qui le faisaient déjà pour donner l’impression que c’est lui qui a impulsé quelque chose. Il n’a pas appelé, mobilisé et formé 1200 enseignants pendant les vacances de Noël…
- quand il annonce qu’il va déplacer tout son cabinet une fois par mois dans un établissement scolaire pour « être au plus proche du terrain », vous savez que c’est impossible et qu’il le fera peut-être… une fois.
- ad libitum
Bref, quand on est prof depuis 10, 20, 30 ans, on n’est pas dupes, on sait faire la distinction entre un élève qui a travaillé le sujet et un autre qui a très bien présenté sa copie mais a tout pompé sur son voisin ou Tchat GPT.
Appréciation générale : bon semestre sur la forme, ne pas oublier le fond. Proposition d’orientation : CAP peintre en bâtiments, en carton.
[Décembre 2023]
Exigence des savoirs : beaucoup de bruit et puis quoi ?
L’élixir magique du Dr Attal – Edito
A peine les résultats des études PISA publiées, le ministre G Attal dégainait déjà ses remèdes : retour du redoublement à la main des enseignants, groupes (ou classes) de niveau, réussite au DNB comme préalable à l’entrée au lycée, manuels de lecture labellisés… Ces mesures ont‑elles été recommandées par la mission « exigence des savoirs » après consultation des enseignants et des organisations syndicales ?
On ne sait pas, car qui s’en soucie ? Les mesures étaient prêtes et quasiment déjà annoncées depuis la rentrée. En focalisant l’attention sur les maux de l’École, en affolant l’opinion sur son « déclin », le ministre espère‑t‑il se présenter en ministre providentiel ? En docteur miracle ? Quels sont donc les ingrédients de son élixir magique ?
Un zeste de démagogie, une louche de bon sens, une pincée de mesures réactionnaires ! Et hop les élèves français retrouveront l’excellence (en maths et en français, car le reste ne compte pas). Réduire les « exigences du savoir » pour les élèves du XXIème siècle aux fondamentaux (maths/français) de la maternelle au baccalauréat, avec pour seul horizon des scores élevés à des tests formatés et quantitatifs doit certainement rassurer certains, mais pour le Sgen‑CFDT on est loin de l’ambition qu’une société devrait avoir pour sa jeunesse, confrontée à des enjeux majeurs (climat, populisme, violence…) qu’elle prendra de plein fouet, faute de courage politique.
[novembre 2023]
Beaucoup d’agitation du Ministre pour donner l’illusion de l’action ou de la concertation alors que le manque de moyens matériel ou humain reste le coeur de bien des problèmes de l’école. L’effet « poudre aux yeux », si elle peut suffire à éblouir momentanément l’opinion publique, ne fait qu’attiser le sentiment de défiance et de découragement des personnels…
Parmi les gadgets proposés :
Pour combattre le harcèlement : un questionnaire élève dont on ne sait ni par qui, ni comment, seront traitées et utilisées les données… et surtout quelles solutions pourront être proposées. Des personnels sommés du jour au lendemain, de « faire 2h » de lutte contre le harcèlement, seuls, sans formation… au détriment de leur organisation pédagogique et à charge pour eux de dépouiller les résultats…
Pour améliorer les résultats des élèves : un questionnaire « professeur » « exigence des savoirs « (sic !) tellement orienté que les « solutions » sont sans nul doute déjà écrites… d’ailleurs avec la fin de la pseudo consultation le 20 novembre comment croire que synthèse (déjà 100 000 réponses selon le Ministre !) et rédaction du « rapport » pourraient être remis « fin novembre » si les résultats n’étaient pas déjà connus…
Pour protéger les établissements : un « bouton » d’appel en cas d’intrusion… seule « mesure » médiatisée puisque la mission « flash » du Ministère n’a pas été rendue publique, et pour cause… D’après Frédéric Leturque, coprésident de la commission éducation de l’Association des maires de France, l’enquête du ministère conclut « à une sécurisation insuffisante d’environ la moitié des établissements du pays et, là encore, en premier lieu des écoles ». Et le Ministre laisse la main aux communes puisque les bâtiments relèvent de leur compétence… Communes qui mettent en avant leur manque de moyens. Rassurez-vous : en attendant les directeurs devraient avoir une formation « à la gestion de crise »…
La DEPP (service statistique de l’Education Nationale) concluait dans son rapport sur la dépense publique éducation 2022 : « En matière de comparaisons internationales, en 2020, la France dépense moins que la moyenne des pays de l’OCDE pour un élève en élémentaire ». Dont acte !
« Retour vers le futur » c’était drôle ! Appliqué en éducation c’est triste, inquiétant et rance.
Par Sandrine DUMAS.
Octobre 2023
Notre billet de mauvaise humeur ICI.
[Rentrée mytheuse]
Par Gwenael LE GUEVEL – septembre 2023
[Billet d’humeur] À peine arrivé, notre ministre s’est fait déministré. Notre président voudrait qu’on fasse l’école ensemble tout en appliquant ses directives jacobines et jupitériennes venues d’en haut.
Plusieurs fois, on nous a annoncé une “révolution copernicienne” : des idées qui viennent du bas. Sauf que depuis 2017, les circulaires, décrets et autres notes de service ne cessent de venir corseter l’action de terrain tout en diffusant dans l’opinion publique les vieilles lunes des nostalgiques d’un temps mythique fantasmé où les élèves respectaient l’autorité (en fait l’époque où seuls les garçons de bonne famille accédaient au collège). Une start-up avec de la naphtaline…
La naphtaline, pour les plus jeunes, c’étaient des boules chimiques contre les mites qu’on laissait à côté de ses habits pour ne pas se retrouver avec des mini-trous dans les pulls. Elles laissaient une odeur caractéristique, celle des armoires de nos grands-mères. Ces petits sacs de boules blanches étaient bien pratiques car efficaces mais il a été établi que le naphtalène est très nocif à la fois pour vous et tout votre environnement. Elle est donc désormais strictement interdite à la vente.
Les coups de règles sur les doigts, les élèves au coin, les bonnets d’âne, les coups de pied au cul, les oreilles tirées et autres baffes dans la gueule avaient également une certaine efficacité. Ils remettaient assez vite les élèves dans le rang tout en les humiliant publiquement pour ne pas qu’ils s’avisent de recommencer… Et puis… on s’est dit que… quand même… il y avait peut-être là une incohérence éducative…
Une start-up, pour les plus vieux, est une jeune pousse parmi une pépinière de bébés entreprises qui pensent avoir un produit innovant qui pourrait rapidement inonder le marché. C’est le modèle retenu, dans une certaine mesure, pour les écoles de Marseille, par exemple : libérer l’innovation sur le terrain en lançant des appels à projet.
Cette démarche décentralisatrice et responsabilisatrice pourrait nous convenir mais
1) comme dit précédemment, nous avons beaucoup de mal à y croire et à nous y investir tant est elle est contradictoire avec la posture jupitérienne du président et
2) s’y ajoute les sujets et les propositions de l’extrême droite présentés comme produits innovants. Uniformes et autres tenues autorisées (entre le croc top et l’abaya, merci de nous indiquer le nombre de centimètres autorisés), autorité, enseignement de l’histoire, un festival ! Bientôt le drapeau, la Marseillaise et peut-être la gymnastique collective !
L’équipe de communicants du porte-parole du président pourra vous présenter cela comme un “en même temps” séduisant : allier à la fois l’innovation et la conservation de ce qu’il y a de bon. Mais le problème c’est qu’une fois qu’ils passent à la mise en pratique, l’innovation passe à la trappe pour laisser la place à du recyclage d’idées rances et toxiques.
Cette vidéo date de 2008…
[nous RÉAGISSONS!] Bientôt la fin des longues vacances d’été ?
Août 2023
Dans une interview donnée dans « le Point », le président de la République s’attaque une fois encore aux vacances d’été. Ce dernier indique vouloir une rentrée scolaire dès le 20 août pour les élèves « qui en ont besoin ». Outre le fait que cette annonce relance la polémique des vacances d’été trop longues, et que cette dernière soit faite en pleine canicule… une reprise anticipée pour les élèves en difficulté s’appelle… le SRAN, et cela existe déjà. Bref, rien de nouveau sous le soleil. Mais Emmanuel Macron ne s’est pas arrêté là.
Non, lui qui assume faire de l’éducation « le domaine réservé du président » tâcle le « pédagogisme » (faisant écho aux dernières interviews d’Eve Vaguerlant, nous vous laisserons juger le contenu des propos vous-même). Le président indique également que « L’histoire doit être enseignée chronologiquement et l’instruction civique, devenir une matière essentielle » Les programmes seront donc modifiés (sait-on jamais, si vous aviez dans l’idée de travailler sur Napoléon puis Neandertal…).
[nous RÉAGISSONS!]
Mai 2023
[nous RÉAGISSONS!]
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