Avec ce budget d'austérité, les conséquences pour l’Éducation vont largement dépasser le cadre de l’École : baisse des dotations aux collectivités territoriales, à Jeunesse et Sports. Un effet ciseau aux conséquences plurielles pour les personnels, les enfants, les jeunes et leurs familles.
La suppression de 4000 postes (3135 dans le premier degré) pour la rentrée prochaine a fait les gros titres de la presse. Mais d’autres décisions budgétaires auront des conséquences pour l’École au sein de notre pays : la baisse des dotations aux collectivités territoriales. Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, il faut donc s’attendre à un effet ciseau sur les écoles et les établissements scolaires. Cela aura des conséquences sur les élèves et les jeunes au-delà de la seule Éducation nationale. La fragilisation des politiques de jeunesse et de la politique de la ville s’accentue aussi avec ce budget, au détriment des enfants et des jeunes, au détriment aussi de celles et ceux, professionnel.le.s et bénévoles qui sont des acteurs éducatifs dans les territoires.
Les suppressions de postes : une approche quantitative et non qualitative de l’éducation
Profitant de la baisse démographique, le ministère de l’Éducation nationale entend à la rentrée prochaine supprimer 4000 postes d’enseignant.e.s dont 3135 dans le premier degré. La France a pourtant un effectif d’élèves par classe parmi les plus haut d’Europe.
Pour la CFDT, la baisse démographique doit être l’occasion :
- d’améliorer les conditions de travail des personnels,
- de faciliter la nécessaire différenciation entre les élèves pour permettre une inclusion réelle,
- d’améliorer les conditions d’apprentissage de toutes et tous.
Avec des différences territoriales très importantes, et une volonté politique de maintenir des écoles en milieu rural malgré de faibles effectifs, il est donc fort probable que dans les zones urbaines et globalement dans les territoires où la démographie reste dynamique, les classes vont rester chargées compte tenu que l’enveloppe poste est contrainte. Les conditions de travail des personnels, et d’apprentissages des élèves ne s’y amélioreront pas, voire se dégraderont. Il n’est en effet pas rare d’y rencontrer des classes en maternelle ou au collège à plus de 30 élèves.
L’austérité pour les écoles et établissements scolaires se joue aussi en dehors du budget du ministère
Pourtant les conséquences pour l’Éducation de ce budget d’austérité ne s’arrêtent pas là ! En inscrivant 11 milliards d’euros d’économies (selon l’Association des Maires de France) sur les dotations allouées aux collectivités territoriales, c’est là encore la politique de l’enfance et de la jeunesse des communes, départements et régions qui risque d’être fragilisée. Les recettes des collectivités locales ont fortement diminué depuis 7 ans (suppression de la taxe d’habitation, de la taxe professionnelle due par les entreprises). Dans le même temps, elles ont vu leurs dépenses fortement croître notamment la facture énergétique. Dans de nombreuses collectivités, l’éducation représente 50 % du budget annuel. On peut donc aisément mesurer les conséquences que cela aura sur les dotations aux écoles, aux EPLE, sur les investissements pourtant nécessaires pour mettre aux normes les locaux en matière sécuritaire ou de transition écologique, sur les projets en direction des enfants, des élèves. Un effet ciseau qui va inévitablement creuser les inégalités entre les communes riches et les autres. D’ores et déjà, des collectivités ont annoncé la mise à l’arrêt de leur plan de rénovation des établissements scolaires, d’autres ont annoncé ne plus financer de projets éducatifs et culturels comme école et collège au cinéma par exemple.
Fin du fonds de soutien aux temps d’activités péri-éducatives pour le mois de septembre 2025
Parmi ces économies d’échelle, le gouvernement entend mettre fin au fonds de soutien qui permettait de financer les Temps d’Activités Péri-éducatives pour les communes restées à 4,5 journées de classe. Ces communes représentent 40 % des effectifs d’élèves scolarisés. Alors que cette norme est la règle (les 4 jours étant dérogatoires), le gouvernement va donc empêcher des enfants de bénéficier de temps de découvertes, sportifs ou artistiques en marge de l’école. Ces temps participent à l’éducation de l’enfant car faisant partie intégrante des PEdT des communes qui avaient fait le choix de conserver ce rythme. Ce sont encore les enfants des milieux défavorisés, ceux qui bénéficient le plus de l’apport de ces temps qui seront pénalisés. Pire, cette mesure mettra au chômage des milliers de professionnels qui œuvrent au quotidien pour le bien-être de ces enfants, les précarisant un peu plus.
Un budget où la jeunesse et les sports font aussi les frais de cette rigueur
Au lendemain de jeux olympiques et paralympiques particulièrement réussis, le budget alloué à la jeunesse et aux sports passe de 1,74 M€ à 1,54M€. Sur cette dernière somme, 719 Millions d’euros sont consacrés au seul volet sportif. Ce plan d’austérité n’épargne donc pas les politiques sportives et de jeunesse. Ce sont principalement les associations qui encadrent les jeunes, les enfants sur les temps extra et périscolaires qui vont subir les conséquences de ce budget d’austérité. Devront-elles alors augmenter les adhésions, les licences sportives pour réussir à couvrir leurs dépenses au risque de voir disparaître de leurs effectifs des enfants de familles défavorisés ? Idem pour les départs en vacances où les fonds permettant aux enfants de partir vont voir leur enveloppe diminuer. Selon l’INSEE, près de 11 % des enfants de moins de 16 ans ne partent pas en vacances au moins une semaine par an. Il est probable que ce nombre augmente. En effet, les familles concernées ne pourront pas compenser ce manque financier qui s’annonce.
La construction d’une France à deux vitesses
« Si tu as l’argent, tu peux » que tu sois une commune ou un particulier. Dès lors, ce budget va non seulement creuser les inégalités mais surtout installer une France à plusieurs vitesses. La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques porte une tout autre vision de la société. Le principe de solidarité doit prévaloir notamment quand il s’agit de permettre aux enfants et aux jeunes de se construire, de s’émanciper, de devenir les futur.e.s citoyens et citoyennes. Impossible dans ces conditions de construire une politique de la jeunesse ambitieuse et ce sur tous les temps : scolaires, péri et extrascolaires. D’autres choix sont possibles ! Mais encore faut-il en avoir le courage politique notamment en taxant davantage les super-riches ou les plus- values financières. Avec ce gouvernement, l’enfance, la jeunesse et les professionnels qui les accompagnent vont subir les conséquences d’une gestion budgétaire calamiteuse avec, au bout du bout, des jeunes, des enfants qui en subiront les effets.